vendredi 18 novembre 2011

La néophyte répond aux «experts»

Alors que j'envisageais la possibilité ou l'utilité d'acheter le livre de la demoiselle Mouche, Entretiens avec mon évier (Sink Reflections, en version anglaise originale), j'ai commencé à lire les critiques des lecteurs dans diverses librairies en ligne.

Si les critiques m'ont ultimement convaincue de ne pas acheter ce bouquin, puisqu'il contient moins d'information que le site de la demoiselle Mouche, flylady.net, elles m'ont aussi un peu titillée. Certaines, en tout cas.

En effet, certaines personnes ne comprennent absolument pas l'utilité d'un tel livre, ni du site de la demoiselle Mouche, ni de ses pas de bébé. Je paraphrase certains commentaires, que l'on pourrait également appliquer au site Web et à la méthode FlyLady:

  • Ainsi, je dois m'habiller tous les matins! Je fais ça depuis que j'ai trois ans. Si je continue ce livre, l'éducation que mes parents m'ont donné va en prendre un sérieux coup!
  • Il faudrait que je ne passe que deux minutes dans un coin de la maison, que je passe l'aspirateur dans le milieu des pièces seulement... Si je suis ces conseils, ma mère va me renier!
  • On dirait que cette femme a passé complètement à côté du mouvement de libération de la femme.
  • Je ne peux pas croire que quelqu'un a vraiment besoin d'un livre comme ça.
En effet, j'imagine que la majorité des gens n'ont pas besoin d'une méthode pour réussir à faire du ménage. Chez certains, c'est carrément inné: ils sortent quelque chose, ils le rangent. N'est-ce pas là ce qu'on tente toujours d'enseigner aux enfants? Bien sûr, et tant mieux pour les chérubins qui retiennent les leçons et continuent de les appliquer à l'âge adulte!

Sauf que je ne suis pas de ceux-là. Et je ne suis pas seule, la popularité des sites sur le sujet le prouve. Le ménage, pour moi, c'est difficile à intégrer. C'est épeurant. Angoissant. 

Ah! mais un instant! Je suis loin d'être une imbécile, j'ai fait des études, moâ, je suis une intellectuelle, moâ, mais jamais je ne suis parvenue à prendre l'habitude (supposément simple) de garder ma maison en ordre. En matière ménagère, je suis totalement inapte. Une handicapée lourde de l'aspirateur. Une intolérante au torchon. Une allergique au savon à vaisselle. Et à force de me laisser trainer, ce qui devait arriver arriva et aujourd'hui, l'ampleur de la tâche, après tout ce temps passé à ne faire que le strict minimum, me décourage.

J'ai été choyée: pendant un bon moment, j'avais ma petite abeille, qui venait prendre soin de mes enfants et de ma maison. Elle faisait tout: les enfants, mais aussi le lavage, le pliage, le balayage, le rangement... C'est bien, une petite abeille, mais quand les enfants retournent à l'école, et quand la petite abeille change de carrière...

On m'a demandé pourquoi je n'embauche pas une femme de ménage. La belle idée! Elle viendrait quand? Une fois aux deux semaines? Une fois la semaine? Soit. Mais entretemps, je fais quoi, moi? Je vous le donne en mille: je refoue le bordel. Mes planchers et ma baignoire seront propres, ça oui, mais les traineries vont continuer de s'accumuler, parce que je ne me ramasse pas. Et honnêtement, en ce moment ma maison est simplement trop dégueulasse pour que j'invite une étrangère à y pénétrer. La honte, je vous dis.

Pour quelqu'un qui nettoie sa cuisine, qui garde ses comptoirs propres, qui range ses affaires, qui s'habille déjà tous les matins pour aller travailler, mes petits deux minutes de point chaud et mon frottage d'évier peuvent sembler bien risible. Eh! bien, bonnes gens, sachez qu'il n'y a rien à rire (enfin, si, un peu, je ris beaucoup moi-même), mais, et c'est ce qui importe, il n'y a rien de futile dans mon épopée. 

Pour votre gouverne, bande de vantards condescendants, je travaille de la maison, et je ne m'étais jamais habillée avant les 10-11 heures, une fois ma journée commencée. Et encore là... Tiens, est-ce de l'envie que je lis dans votre regard? Dans la même veine, le fiancé pouvait dire avec précision ce que j'avais mangé dans la journée, pile poile, juste à regarder ce qui avait été ajouté sur les comptoirs et l'ilot. Ce que j'avais lu, aussi, et quelles lettres j'avais ouvert ou pas. Et quels vêtements j'avais envisager porter... et pas porter.

Je semble sans aucun doute complètement ridicule à ces critiques qui voient le ménage comme une tâche parmi d'autres. Mais croyez-moi, pour moi, c'était un monstre! Jusqu'à l'arrivée de la demoiselle Mouche dans ma vie. C'est pour des gens comme moi, les cas désespérés, les condamnées à l'exil ménager, que la demoiselle Mouche écrit.

La demoiselle Mouche me confie une tâche, puis elle m'en ajoute une autre, un jour à la fois. En même temps, elle me motive. En jouant le jeu, j'ai même réalisé à quel point je suis capable de me taper sur la tête et de m'autosaboter dans mes tentatives de garder ma maison propre. Elle m'a aussi montré que je peux être bonne avec moi-même. Et comme elle ne m'en demande pas trop à la fois, elle m'évite de me décourager.

Quant à la question de la libération de la femme, avouons que c'est terrible de faire comme si les femmes sont responsables des tâches ménagères! Euh... libération de la femme ou pas, entendons-nous: encore aujourd'hui, la plupart des maisons sont tenues en majeure partie par une femme. Qu'elles travaillent ou pas, ce sont encore elles qui sont responsables de la grande part des tâches ménagères, même si les hommes, merci au financé, s'y atèlent de plus en plus. 

La libération de la femme, c'est aussi, pour les exilées du ménage, les ignares ménagères comme moi, de savoir qu'on n'a plus à attendre quelqu'un pour faire notre entretien, que l'on peut compter sur soi.

Et c'est assez... grisant. Qui l'eût cru?

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