Salle de jeux - en catimini

Mine de rien, pendant que les enfants étaient occupés à faire des traineries ailleurs, je suis descendue dans la salle de jeux. J’ai mis la minuterie, et je me suis lancée. Pas de chichi, pas de flafla, quatre sacs au lieu de cinq : je jette, je recycle, de déplace, ou je donne? Le résultat? Un autre grand sac orange plein à craquer, quelques feuilles et livres déchirés à recycler, des coussins et crayons à remonter, et des tonnes de toutous et de jouets à donner.

Pour voir où j’en suis, même moi j’ai besoin d’un avant-après, parce que c’est tellement le fatras, que je n’ai pas vraiment l’impression d’avancer. Vous remarquerez aussi tous les papiers par terre : c’est que quand ça sonne, j’arrête vraiment. Je déteste tellement être dans cette pièce, je n’en fais pas plus que ce que je me suis engagée à faire : 15 minutes, top chrono.  

Quand j’ai suggéré ma méthode au fiancé, qui désespère à propos du garage, le fiancé m’a répondu, aujourd’hui : « Je voudrais bien le faire, le garage, mais je n’ai pas le temps. » Ben justement, 15 minutes, ce n’est pas long. On a toujours un quinze (15) minutes quelque part. Vous croyez que je pourrais faire la salle de jeux autrement? N’allez pas croire que je suis malheureuse quand je fais ça; je suis en règle générale très fière de moi. Mais j’étouffe là-dedans. Si je n’y allais pas 15 minutes à la fois, je serais incapable de commencer, incapable de faire quoi que ce soit. Et je sais que de 15 minutes en 15 minutes, je vais me sentir de mieux en mieux dans la pièce maudite.

T 0

T + 15

T + 30

T  0

T +15

Les enfants n’ont rien vu. Ils jouaient aux Lego dans la salle à manger, et ils étaient tout heureux quand je leur ai balancé une poignée de pièces sur la table. C’est que dans le jetage, le recyclage et le donnage, je fais quand même beaucoup de discrimination. 

Je me débarasse :

• des jouets brisés;
• des jeux et jouets pour enfants plus jeunes que les miens;
• des jouets de Mcdo;
• des figurines envahies par la poussière;
• des livres déchirés;
• des dessins chifonnés;
• des feuilles maganées;
• des crayons sans bouchon;
• des crayons cassés;
• les petites autos qui ne sont pas dans leur boite spécifique (mon fils en a plus de deux cents, données par le petit voisin - à un moment donné, ça fera);
• les vêtements qui ne font plus;
• les costumes d’Hallowe’en qui ne font plus;
• les morceaux de jeux ou de jouets orphelins;
• des toutous que je n’ai pas vu depuis plus de six mois et qui grouillent d’acariens;
• tout ce qui a été acheté chez Dollarama.

Je garde :

• les livres en bon état;
• les costumes qui font encore;
• les toutous que je sais que les enfants aiment encore;
• les jeux et jouets de l’âge de mes enfants ou plus vieux;
• les Lego;
• les figurines en bon état (surtout les Schtroumpfs, c’est schtroumpfement important, les Schtroumpfs);
• les grosses autos;
• les pièces de chemin de fer GeoTrax;
• les vêtements de poupée;
• les coussins décoratifs;
• les couvertures;
• le matelas de la bassinette (ben oui, il trainait entre deux étagères);
• les casse-têtes;
• les sacs encore utilisables.

La liste des trucs que je jette semble un peu plus longue que celle des trucs que je garde, mais il a plus d’articles individuels qui appartiennent à la seconde. Ce n’est pas aussi pire que ça en a l’air. À preuve, mes photos, qui montrent bien que si la pièce se dégage, je garde encore beaucoup de choses, surtout du côté des camions et autos, là où j’ai commencé. Je m’avance vers le coin de ma fille, tranquillement pas vite. On verra bien rendu là. Par exemple, je n’ai aucun remord à jeter sa poupée à la bouche de suceuse. De un, elle a une bouche de suceuse, et de deux, ses cheveux sont presque tous arrachés. Même avec un bonnet, elle fait peur.

Et si jamais je me défais de quelque chose que les enfants veulent plus tard, je leur dirai qu’ils ont dû le perdre ou l’oublier quelque part... Quand ils seront assez vieux pour me lire, ils seront sans doute déjà fâchés contre moi pour autre chose, de beaucoup plus grave; et mon manque d’empathie par rapport à leurs défunts jouets leur semblera sans aucun doute une peccadille à l’adolescence!